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Étude, témoignage, analyse... les Ariégeois parlent aux Ariégeois 

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Chercher la lumière

09/11/2021

Chercher la lumière

Le 4 octobre 2021,


Hier, dimanche et ce week-end en général, j’ai remarqué que l’autre me manquait. La compagnie physique d’un autre je veux dire...
Je me sens isolée. J’ai des contacts virtuels sur les réseaux sociaux ou par sms, ou même par téléphone... mais ce n’est pas de ce contact là dont j’ai besoin. Je me rend compte combien le seul fait d’aller travailler et de croiser des personnes, échanger avec des collègues, constituait une réponse à ce besoin social.
Je me sens comme en quarantaine, mise à part. Je dois néanmoins m’habituer à cette mise à l’écart, que je provoque aussi du reste,
ne me sentant pas à l’aise avec certains mes pairs qui cautionnent ce monde dans lequel on doit porter un masque et où certains son exclus des lieux, entre autres, procurant du plaisir.
Je n’arrive pas à comprendre la masse qui ne se bat pas pour sa liberté, qui accepte des mesures ayant pour effet l’exclusion de certains...ayant aussi pour effet de museler leurs enfants, les empêchant de respirer convenablement; d’autoriser cette maltraitance, de se soumettre !
Ma mission est d’arriver à vivre dans ce monde en acceptant que je ne peux rien pour eux : je ne peux ni les sauver, ni les ramener à la raison (étant donné qu’eux-même pensent probablement que je n’en ai pas!). Même si je comprends les processus psychologiques qui les ont amenés à cette soumission, passivité, acceptation du non-sens...j’ai vraiment du mal à accepter qu’ils n’aient pas une lumière qui s’allume en eux pour dire STOP à tout ça ! Ou peut-être
qu’ils ont perdu la connexion à cette lumière à l’intérieur d’eux-même, hypnotisés par les lumières factices de nos technologies abrutissantes.


Je ne sais pas comment faire pour prospérer en joie et sérénité dans ce contexte boueux.
Continuer à monter vers la lumière et oublier ceux qui ont les pieds dans la boue, dans les sables mouvants, qui ne savent plus se tenir debout, pris dans ces marécages puants.
Ne comprennent-ils pas qu’ils ont perdu leur chemin ?
Tout me dit de ne pas aller dans le sens de la marche commune. Suivre son propre courant, même s’il est en sens inverse. A contre-courant d’une idée que je considère comme fausse et derrière laquelle, pourtant, le plus grand nombre marche.


« En marche ! » : je comprends à présent ce slogan !
Le monde me fait penser à cette horde de rats qui suit le Joueur de flûte de Hamelin.
En marche ! Il a su trouver les notes de la soumission dans l’esprit des gens. Le présent nous fait voir à quel point nous sommes malléables. Ceux-là même qui s’insurgeaient de voir à quel point dans le passé, des gens avaient pu collaborer à l’horreur, être dans le déni...Se demandant même comment des gens avaient pu croire
qu’une partie des leurs méritaient de mourir ! Et bien, ces mêmes personnes s’insurgeant de cela, laissent faire qu’une partie d’entre eux soient privés de travail, de salaire, de restaurants ou autres activités de loisirs et divertissement. Ils laissent faire et même trouvent « normal » qu’une partie de leurs semblables soient coupés d’une certaine forme de vie !
Le destin de ces rats suivant le joueur de flûte n’est pas joyeux : ils finissent tous par se noyer...


Et nous, qui sommes nous ? Ceux qui résistent, ceux qui refusent de se soumettre, ceux qui ne suivent pas le ras (ou rat) de marée assourdissant ?
Petites souris disséminées un peu partout, accrochées à des réverbères, cramponnées, cachées, allant contre le vent, se laissant emporter parfois mais retrouvant toujours un point d’accroche. J’ai vu certaines de mes amis souris entraînées, souvent de force
mais aussi par manque de courage. Je n’ai rien pu faire...
Certains même se sont procurés des flûtes, ont appris la même mélodie cinglante du joueur principal et la relaye partout, sans même connaître une seule note de musique !
Ils sifflent aussi, dans cette fausse joie d’avoir un pass pour la vie, parce que cette musique leur a fait croire qu’il fallait un pass pour vivre et aussi inconcevable que cela puisse paraître, ils y ont cru !


Au delà de cette fable du joueur de flûte, que font les animaux lors d’un danger, comme lors d’un tsunami par exemple ? Il montent, grimpent, le plus haut qu’il peuvent, pour éviter d’être pris : « les animaux sont beaucoup plus attentifs face à leur environnement. Il le craignent. Ils sont donc tout le temps en état d’alerte.
Contrairement à eux, nous avons perdu nos capacités à percevoir la Nature car nous nous exposons très peu aux stimulations extérieures. Les animaux, eux, n’ont jamais brisés le lien qui les unit à Mère Nature. Nous n’avons pas (ou plus?) cette chance et il ne nous reste plus que la technologie pour nous avertir de l’imminence des dangers -sources internet-.
Il faut croire que certains d’entre nous, une minorité semble t-il, possèdent encore un fifrelin de ce sens, écrasé, perverti par nos technologies.
Alors, comme je l’ai fait samedi, lorsque j’étais perdue en forêt, je vais continuer à monter vers la lumière, m’élever, grimper...même si ce n’est pas le sens de la majorité. Aller vers la lumière pour trouver mon chemin.

Je pense à ceci maintenant : la voiture, notre véhicule, est symboliquement notre corps. Lorsque j’étais perdue, je cherchais à rejoindre ma voiture afin de pouvoir espérer rentrer chez moi. C’est lorsque j’ai grimpé et que j’ai retrouvé ce chemin que j’ai pu la retrouver : et symboliquement, réintégrer mon corps.
Être présente à moi-même.
La symbolique de cette ascension vers la lumière pour retrouver mon chemin c’est s’élever en vibration, chercher cela !
Laisser mes frères et sœurs qui sont restés en bas. Ils ont eux même à trouver ce chemin vers la lumière pour réintégrer leur corps.
Et penser que peut-être, avec mes autres frères et sœurs et moi-même, qui arrivons encore à voir cette lumière, nous pouvons éclairer un peu ce chemin, juste par le fait d’aller vers, d’ascensionner, plutôt que de perdre nos énergies à tenter de hisser ceux qui ne sont pas prêts.


Lô d’Âme

Pour une Langue Internationale Signée

08/07/2021

Pour une Langue Internationale Signée

La recherche d’une langue commune à toutes les cultures humaines est une préoccupation relativement récente et doit se comprendre dans le contexte moderne de la mondialisation des échanges.
Au cours de la période dite antique ce furent les langues des conquérants qui unifièrent des nations au sein d’un empire (Grec, Latin, Perse…) ; elles ne survécurent pas à la fin de ces empires et disparurent ou refluèrent dans leurs aires culturelles originelles.
En Europe, durant la période chrétienne (que nous répugnons à appeler «médiévale»…), chaque peuple conquérant imposa sa langue au détriment des langues vernaculaires dans des constructions nationales. Le français ne s’imposa que très tardivement et au prix d’un écrasement des cultures locales (bretonne, basque, occitane...). Aujourd’hui, l’anglais est, de fait, la langue véhiculaire mondiale – ou plutôt une version appauvrie de la langue de Shakespeare parfois nommée globish (pour «global english»). Non pas, comme le serinent les anglolâtres, que cette langue fût plus simple, plus facile, plus expressive qu’une autre mais tout simplement parce que c’est celle de la culture dominante, conquérante et impérialiste.

 

Les tentatives naïves de construire de toutes pièces des langues universelles (esperanto, interlingua, volapük ou récemment lingwa de planeta…) furent toutes des échecs pour des raisons évidentes qu’on ne détaillera pas ici.

Le problème principal réside dans le fait que les langues parlées entrent forcément en concurrence les unes avec les autres (pour la suprématie ou la survie). Or une solution simple existe : choisir un autre mode d’expression que l’oralité, à savoir le geste ; une langue des signes.

 

Le signe gestuel est spontanément adopté lorsque deux personnes ne partageant aucune moyen d’expression oral doivent se comprendre.
Dans certains milieux militants, les participants aux larges réunions internationales utilisent une petite batterie de signes leur permettant d’intervenir dans le discours d’un orateur sans l’interrompre ; les débats gagnent énormément en fluidité, en efficacité puisqu’on peut s’exprimer simultanément sur deux modes.

On pourrait imaginer une langue internationale signée dont le principal intérêt serait d’ajouter une modalité d’expression tout en gardant la possibilité d’expression orale. 

Une langue mondiale uniformise en remplaçant les langues vernaculaires ; une langue internationale unifie en préservant la diversité linguistique.


Jusque là, seuls les sourds et malentendants pratiquaient une langue signée nationale. En effet, de nombreux signes sont basés sur des particularités socio-culturelles (par exemple « facteur » en LSF qu’on signe en figurant une visière sur le front) ou même la langue écrite (par exemple les jours de la semaines qu’on signe à partir des initiales françaises L,M,E(mErcredi),J,V,S,D). Précisons qu’il ne s’agit pas de remplacer les langues signées nationales mais d’ajouter un mode d’expression unifié dans le registre gestuel.

 

Il serait d’ailleurs naturel et sain que ce travail d’unification fût confié aux sourds et malentendants dont l’expertise est évidente. Pour la première fois, l’infirmité deviendrait particularité socialement valorisée !

Dans un deuxième temps, il s’agirait d’enseigner systématiquement la LIS dès le primaire, ce qui offrirait encore un débouché professionnel aux sourds et malentendants.

Nous proposons donc aux associations de sourds et malentendants du monde entier d’organiser l’unification des langues signées, puis de l’offrir à tous. Nous demandons aux institutions de financer cette opération dont la plus-value sociale est évidente, et aux enseignants, aux élèves et aux parents d’élèves de soutenir cette initiative.


Disposition d’une langue internationale, préservation des langues vernaculaires, désenclavement culturel des sourds et malentendants, accroissement des possibilités d’expression… : cette solution résoudrait de nombreux problèmes sans en poser aucun (sauf à être manchot, aveugle et sourd...).

 

Pour prendre contact avec la culture sourde :

 

www.signesdesmains.org

www.sematos.eu/lsf.html

www.sortiraveclesmains.com

www.trefle.org

www.eflsignes.com

VBdG

 

 

Les mots de l'Empire

12/04/2021

Les mots de l'Empire

On prête à Confucius cette phrase : "si j'avais le pouvoir, je commencerais par redonner leur sens aux mots".
On peut se demander pourquoi le sage lie-t-il cette question au pouvoir ; pourquoi fait-il de cette question la première à devoir être traitée ; pourquoi, enfin, s'agit-il de redonner, de retrouver un sens perdu.

D'abord, le vocabulaire (sa richesse, sa précision) est bien une question de pouvoir. C'est un fait bien connu que toute propagande commence par le choix des mots ; "les éléments de langage" dit-on dans cette novlangue charmante que pratiquent les élites de la caste politico-médiatique. Un fait bien connu mais généralement sous-estimé par méconnaissance de ses applications subtiles. Cette puissance de suggestion peut néanmoins être contrée au niveau individuel par la prise de conscience de ses effets sur notre propre expression.
Ensuite, c'est une question primordiale parce que la justice, la paix (qui sont les buts fondamentaux de la politique) sont conditionnées par la compréhension du monde tel qu'il est ; mal nommer les choses c'est mal comprendre le monde et se condamner à agir vainement, voire aggraver le mal.
Enfin, il s'agit de retrouver le sens véritable (on pourrait dire originel) des mots et non de donner un sens par convention, "faire sens" comme disent les pseudo philosophes dans leur aveuglement démiurgique. L'étymologie est, à cet égard, une aide précieuse pour la compréhension des mots et non un jeu d'érudition. Un mot est d'autant plus puissant qu'il désigne l'idée ou l'être de manière adéquate.
Nommer un être c'est imposer son pouvoir sur lui. C'est la raison pour laquelle le politique prononce le nom de l'interlocuteur toutes les trois phrases. "Comprenez-moi bien Léa Salamé...". "Voyez-vous Monsieur Bourdin...". Les conseillers en communication n'omettent jamais ce genre de choses qui ne se résume pas à l'établissement d'une proximité voire d'une complicité. Les opérations de thaumaturgie, et même simplement de magie, ne "fonctionnent" qu'à l'aide de formules prononcées correctement ("Le Roi te touche, Dieu te guérit" et autre "abracadabra"…). Ces formules sont le support physique de l'intention, la vibration porteuse. On sait que les mots peuvent guérir comme ils peuvent tuer. Ils influent sur les actes.

Ce rapport intime entre les êtres et leurs noms est exprimé dans l'épisode de la Genèse où Adam, précisément, nomme les Êtres, c'est-à-dire reconnaît leur essence.
 « L'Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers l'homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l'homme. » (Torah, Genèse, 2:19).
Épisode rappelé dans le Coran : « Et Il enseigna à Adam tous les noms [des choses], puis Il les présenta aux Anges en leur disant : "Dites-moi le nom de celles-ci si vous étiez véridiques !". Ils dirent : "Gloire à Toi !" Nous n’avons d’autre science que celle que Tu nous as enseignée ! En vérité, c’est Toi, l’Omniscient, le Très-Sage ». (Coran 2:31-32).
Cette fonction essentielle de l'homme est en rapport étroit avec sa condition de "lieutenant de Dieu sur Terre". Dans l'évangile de Jean, on commence par le commencement : "Au commencement était le verbe (logos)".
Chez les musulmans, tout acte, si minime soit-il, est inauguré par la formule "bismillah" : par le nom de Dieu. Non "par Dieu" mais "par Son nom", c'est à dire son aspect compréhensible, ce par quoi Il nous est accessible.
C'est, pour l'être humain, le mode d'expression principal de sa faculté mentale rationnelle. Car la pensée rationnelle s'élabore à partir des mots. Dit autrement : les mots conditionnent la pensée. Une pensée complexe, riche ne peut surgir d'un vocabulaire pauvre. Une pensée claire s'exprime avec des mots précis, désignant précisément les êtres, leurs qualités et les relations qui les caractérisent. Il n'y a pas de synonymes ; que ce soit dans le vocabulaire d'une langue ou entre deux langues (tout l'art difficile du traducteur consiste à rendre la pensée d'un auteur et non simplement à remplacer tel mot par tel autre - traduttore traditore). Un mot ne fait pas que désigner un être, une qualité, une action, il charrie aussi un contexte, une ambiance, un ensemble de relations culturelles. Ainsi, mal nommer les choses c'est se condamner à les penser mal.

Ces quelques considérations liminaires pour persuader le lecteur que c'est une question d'importance cruciale et non une simple lubie de puritain féru d'étymologie, encore moins l'expression d'un nationalisme linguistique obsidional…
Venons-en à notre sujet proprement dit.
L'Empire, dans sa volonté de régner sur des individus dociles, use de tous les moyens de propagande qui lui sont possibles. Parmi ces moyens, on peut citer pêle-mêle la révision constante de l'histoire, l'abrutissement du peuple par les activités futiles (panem et circenses), le maintien des consciences dans des "activités" virtuelles (écrans de toutes sortes), l'omniprésence de la publicité, l'intimidation policière et judiciaire, la menace du chômage, de l'arrêt des subventions, du RSA…
Mais l'un des plus subtils, donc des plus puissants, consiste à modifier le vocabulaire et, par là, la perception même du monde. Ce faisant, il neutralise la capacité du peuple à comprendre son véritable projet qui, sous le nom de code Nouvel Ordre Mondial, n'est pas autre chose que le triomphe du mal, du mensonge, de la laideur.

Diverses techniques sont mises en œuvre pour modifier les mots, donc les phrases, donc les discours, donc les pensées, donc les actions.

 

Les euphémismes et oxymores orwelliens

Rappelons nous la devise de l’État totalitaire imaginé par Orwell : "war is peace, freedom is slavery, ignorance is strength". Tout est sens dessus dessous, ce qui est bien la signification étymologique de la subversion.
On mesure à l'aune de cette satanique contradiction la profondeur métaphysique du "Eheieh asher eheieh" (Torah, Exode 3:14 - le buisson ardent) qui sous l'apparente simplicité posait comme vérité métaphysique fondamentale que "l'Être est l'Être", ce que les logiciens nomment "principe d'identité". 
Qu'importe si la ficelle est grosse. Si grosse que même les plus stupides des journalistes la voient. Mais du moment que la formule est prononcée, elle infusera dans les têtes. Voyons quelques unes de ces formules.
"Opération de maintien de la paix" restera la guerre, bien sûr, mais nettoyée des considérations impérialistes, coloniales, marchandes… Les enfants déchiquetés par les mines en forme de jouet coloré, les champs dévastés, les villes en flamme… bien sûr, bien sûr. C'est une opération. Comme une opération chirurgicale. Avec le sang, le traumatisme post-opératoire, les complications… mais c'est pour le bien du patient qu'on le charcute. La guerre sans l'aimer. Non pour détruire, s'emparer, humilier… mais pour maintenir la paix. La paix jamais atteinte. Le "processus de paix" toujours renouvelé. La guerre sans cesse reconduite.
"Plan social" obéit au même schéma. Certes, c'est un licenciement. Vous êtes viré. Mais c'est un nécessaire sacrifice dont les fruits seront les bons résultats de l'entreprise donc, à terme, la possibilité d'embaucher vos enfants. On vous coupe un orteil aujourd'hui mais c'est pour nous éviter, demain, de vous couper la jambe. "Plan social" évacue "classe sociale", "lutte sociale", "intérêt des actionnaires à faire travailler des petits Indiens à 2 $ la journée plutôt que des Français à 8 € de l'heure".
Et si le travailleur se découvre prolétaire, a des velléités de combat social, comprend que l'oligarchie ne s'arrêtera que quand on l'arrêtera, il y a les "Forces de l'ordre". Ce ne sont pas des Milices du Capital comme le scandent quelques mauvais esprits séditieux. Ils ne sont pas là pour gazer, matraquer, assassiner au besoin ceux qui menaceraient la mainmise de la maffia oligarchique. Ce sont des forces (vous êtes prévenus) de l'ordre (vous voilà rassuré ?).

Le lecteur pourra s'amuser à reconnaître les multiples "éléments de langage" de la propagande journalistique (le monde libre, l'axe du mal, la bombe propre, la guerre préventive, les frappes chirurgicales, le malade asymptomatique, etc.)

 

Les néologismes

Le néologisme est pertinent quand il vient désigner un objet nouveau. Il se forme presque toujours à partir de racines combinées. Aéroplane, cosmonaute, cyclotron, ferroutage, téléphone, etc. sont de nouveaux mots désignant autant de choses nouvelles. Pour les concepts, l'exercice est plus délicat. L'extraordinaire prétention de la philosophie moderne se manifeste par une création foisonnante de mots nouveaux censés décrire des notions nouvelles. Mais c'est précisément parce que ces notions sont nouvelles, donc particulièrement soumises au changement, qu'elles ont une portée dont le manque de profondeur est sans commune mesure avec les notions traditionnelles exprimées simplement. La vanité des philosophes n'a d'égale que leur fatuité, plus intéressés qu'ils sont à inventer des systèmes, des mots que de comprendre le monde. Le résultat est trop souvent un jargon technique incompréhensible cachant une indigence intellectuelle évidente.

Les néologismes dont nous parlons sont encore d'un autre genre : ils visent à transformer les mentalités en transformant subtilement le cadre conceptuel. La noblesse moderne, autrement désignée comme "caste politico-médiatique", est le principal agent de diffusion de ce véritable poison mental que constituent ces "éléments de langage".
Tant qu'il s'agit de rire, on ne grognera pas au "stupéfactionné" de Popeye, au "bouleversifié" des Inconnus...
On rira encore, jaune cette fois-ci, de ces ridicules barbarismes qui révèlent la nature cuistre de nos hommes politiques : la "bravitude" de Ségolène, la "méprisance" de Nicolas...
On rira beaucoup moins de voir se diffuser partout des mots piégés dont nous ne prendrons pour exemple que trois : "gouvernance", "sociétal" et "complotisme".

On remplace doucement le gouvernement par la gouvernance. Le gouvernement est un collectif composé d'hommes politiques décidant des lois, assurant la défense du pays, régulant les rapports sociaux. La gouvernance, mot emprunté au vocabulaire anglo-américain et issu du monde de l'entreprise, concerne aussi bien la gestion d'un pays que d'une ONG, une association... c'est une question d'expertise, de feuille de route, de compétence technique... Welcome dans la start-up nation. Les ministres en sont les managers.
Le gouvernement est souverain ; la gouvernance doit rendre des comptes. C'est pourquoi il serait juste de cesser d'appeler Président de la République Française l'actuel valet de la maffia oligarchique mais bien Gouverneur Impérial de la Province française.
L'horrible "sociétal", dont s'emparent goulûment les pédants, est un cas analogue. Le sociétal n'est pas le social. Social qualifie tout ce qui concerne les rapports entre individus d'une même société. Qu'est ce donc que le sociétal sinon du social dépouillé de toute charge politique ? C'est du fait divers, du psychologique pour magazine féminin,  le droit d'appartenir à une minorité opprimée… le droit pour chaque individu d'échapper à toutes les déterminations, même les plus naturelles, surtout les plus naturelles… le droit d'avoir tous les droits… Il est interdit d'interdire aux minorités d'imposer leur loi au plus grand nombre. Le social c'est les grandes grèves de 36 ; le sociétal c'est la gay-pride.

"Complotisme" est un néologisme décrivant une nouvelle idéologie populiste ou plutôt une maladie mentale paranoïde consistant à penser que l'Empire aurait d'autres buts que la Paix Universelle, le bien des peuples et qu'il fomenterait des complots au profit d'intérêts non explicitement exprimés. Bref, le complotiste voit des complots partout alors qu'il n'y en a nulle part. On psychiatrise ainsi toute remise en question de la version officielle d'un événement, évitant donc d'avancer des contre arguments car on n'argumente pas avec un fou. On l'enferme pour la sécurité des gens sains (ceux dont la rééducation est achevée), on le soigne pour son propre bien.

 

Les mots redéfinis

Une autre technique de falsification des mots consiste à faire glisser doucement un terme sur une pente sémantique menant à la vallée de la mort.
Il y a trente ans, le terme islamisme désignait "la doctrine de l'islam", comme judaïsme, christianisme, catholicisme, protestantisme, évangélisme, calvinisme, hindouisme, bouddhisme, taoïsme, shintoïsme... et l'on pourrait continuer ainsi longtemps. Or seule la doctrine de l'islam a subi ce changement de sens qui distingue désormais islam "modéré" et islamisme "extrémiste".
En feignant de faire une différence radicale entre islam et islamisme (pas d'amalgame !), les hypocrites insinuent tout de même que la racine du mal réside dans l'islam même et non dans la tendance bien partagée par tous les humains à l'exagération, la brutalité, l'exclusivisme, la démesure… Ce -isme, pour tous les mots qu'il termine, est l'indication d'un système théorique, d'une expression doctrinale. Tous les mots sauf pour le mot islam dont la terminaison en -isme ajoute une notion de terreur, d'égorgement, d'attentat, de lapidation…

Curieusement, certaines redéfinitions sont plus "positives". C'est le cas du mot sémite dont la destinée est éclairante à plus d'un titre. Forgé par un philologue allemand pour qualifier un ensemble de langues (arabe, amharique, hébraïque…), ce mot dérive de Sem, aîné des trois fils de Noé. Il est remarquable que ce soit une interprétation raciale (sinon raciste) du texte de la Torah qui ait été à l'origine de ce funeste mot. En effet, faire de Sem, Cham et Japhet les ancêtres des diverses races humaines est une lecture pour le moins… matérialiste du texte spirituel. A dire vrai, cette lecture est d'une stupidité confondante mais les Juifs eux-mêmes n'ont-ils pas fini par prendre la Torah pour un plan cadastral ?
A ce point, on parle de langues sémitiques, pas encore de peuples sémites. Toutes les étapes de ce véritable délire seront franchies pour en arriver à l'arme sémantique de destruction massive, le mot "antisémite" qui, au terme de l'opération, ne concerne plus que les seuls Juifs. Ratonner un arabe, par exemple, n'est pas un crime antisémite. Ce n'est pas bien mais ce n'est "que" du racisme. Si tous les discours vertueux mentionnent ensemble "racisme ET antisémitisme" c'est qu'il y a une différence qualitative. Le racisme c'est mal ; l'antisémitisme c'est très mal. C'est même Le Mal Absolu.
Magie des mots qui transforme à volonté des boucliers en épées, des épées en boucliers…

Nous pourrions continuer longtemps avec les mots intègre, fondamental, radical, libéral… mais on laissera le lecteur remplir la liste. Maintenant qu'il a saisi l'importance de ce niveau de manipulation, chaque mot sera l'objet de son consciencieux soupçon conspirationniste. Dernier en date : le rassurisme.

 

Les mots personnifiés

L'emploi exagéré des majuscules, au détriment des règles syntaxiques qui le régissent, est symptomatique de cette autre technique de manipulation mentale qu'est la personnification des noms communs.
Dire "l'armée d'occupation sioniste" ou "Tsahal" ne fait pas qu'indiquer une position idéologique, politique : cela renforce ou affaiblit réellement l'objet. Quand tous diront "Tsahal", il n'y aura plus d'occupation, de colonisation, d'agression, de vol, de brutalité, de génocide… il ne restera que "l'armée la plus morale du monde" défendant "le peuple élu" "éternelle victime" de la "haine antisémite".
Restons chez les sionistes...
Pourquoi dit-on la France, le Zimbabwe, la Russie, le Chili, la Chine... mais... Israël. Sans article. Comme un nom propre. Le nom d'un prophète qui se confond avec "son" peuple, "son" territoire, "son" élection divine... Génial artifice pour occulter le fait que les Ashkénazes ne descendent pas de Jacob mais de tribus Khazars, que les actuels Palestiniens sont très probablement les descendants véritables (en terme génétique) des Hébreux "sortis d'Égypte".
Tout cela non pas causé par un mot mais entretenu depuis longtemps. Le temps de trois générations. Le temps d'arriver, le temps de s'installer et le temps de s'être installé "chez soi".
"Shoah" est une autre variété de ces mots. Prononcé en hébreu, il ne veut pas dire autre chose que catastrophe. Un paysan voyant la grêle s'abattre sur sa vigne s'écrie "shoah !". Mais dans toute autre langue, ce mot prend une signification particulière. C'est la catastrophe des Juifs nommée auparavant (avec la même intention de sacralité) "holocauste". C'est la Catastrophe des catastrophes. L'indicible, l'absolue Catastrophe. Elle mérite une majuscule. On ne prononce pas ce mot à la légère. Ce serait blasphématoire. Car oui, la Shoah est la Sainte Croix de la religion impériale ; le "peuple" juif en est le Christ.

En revanche, toujours suivant la règle du "deux poids, deux mesures", les mots arabes islam, charia, djihad, salaf, etc. sont redéfinis "à charge", si l'on peut dire, en oblitérant toute la complexité sémantique, les niveaux de signification, pour ne garder que les sens pouvant inspirer au locuteur non-arabophone une impression de menace, de violence, d'arriération comme diraient les progressistes.

 

Les mots interdits

Autre technique, moins subtile et donc d'une moindre efficacité : l'interdiction des idées et des mots.
Un exemple en est de "race". Sous le prétexte de lutter contre le racisme, l'Empire a décrété que les races n'existaient pas. Nous sommes sommés de nous crever les yeux pour ne plus voir un Noir, un Jaune, un Blanc, un Rouge… mais un Homme. Un homme sans qualité distinctive, un homme unidimensionnel, l'homme nouveau dit aussi homo economicus dont les deux fonctions essentielles sont produire et consommer.
Au lieu de se contenter d'énoncer que le racisme est une idéologie erronée en ce qu'elle exprime verticalement (une prétendue hiérarchie raciale) ce qui est un phénomène horizontal (la diversité des races au sein d'une espèce humaine commune), l'Empire en interdit le concept catégoriel de base. Combien de fois ne devons-nous pas subir d'un jeune crétin autiste l'insupportable leçon récitée automatiquement : "Les races n'existent pas. C'est scientifique. Il n'y a qu'une race humaine. Les races n'existent pas. C'est scientifique…".
Mais comme cette notion désigne des catégories évidentes, on ne fait que la reporter dans le mot plus accepté (on se demande bien pourquoi !) d'ethnie. Si un hurluberlu invente l'ethnicisme, on interdira ethnie.
Dans le même esprit, on ne dira plus, demain, Fête des Pères et Fête des Mères mais Fête des Parents. On ne dira même plus homme et femme (insupportable distinction à la racine du sexisme !).  On ne dira plus rien... ce sera plus prudent.

 

Les mots impérialistes

La multitude de mots anglais adoptés tels quels par les Français, dans les usages les plus quotidiens, transforme les mentalités plus sûrement et plus massivement qu'un programme de rééducation. Week-end, T-shirt, handicap, e-mail, start-up, burn out, cluster… 

Il ne s'agit pas d'affirmer une volonté de purification d'une langue française fantasmée : nous savons bien qu'une langue est poreuse. Elle donne, elle prend, elle change, elle vit... Le français a un papa romain et des mamans gauloise, grecque, germanique et même quelques maîtresses arabe, indienne, bantoue, aztèque... 
Il en va des mots comme des hommes. Les échanges, les migrations, les métissages, ne sont pas en soi problématiques ; ils participent d'une nécessaire vitalité. C'est le caractère massif, soudain et incontrôlable qui pose problème. Car le processus d'intégration nécessite du temps, se fait par naturalisation (par exemple redingote, forme francisée de l'anglais riding-coat). Cette étape supprimée, la langue n'a plus d'esprit propre, sa porosité naturelle devient béance informe, dernière étape avant la mort.

C'est un autre aspect de la propagande impériale. Confondant unité et uniformité, l'Empire promeut l'indifférenciation, le métissage, l'emploi par l'homme du "village mondial" d'une langue unique qui n'est même plus l'anglais mais un sabir américanoïde constitué d'un ou deux milliers de mots suffisant à exprimer les désirs les plus basiques : le globish.
De ce point de vue, les francophones africains ou québécois témoignent d'une inventivité et d'un respect de la langue française dont nous devrions nous inspirer en francisant systématiquement les mots nouveaux, en retrouvant les mots français détrônés (chandail, maillot, culotte au lieu de pull, T-shirt, slip...). Résister à l'Empire c'est déjà refuser son vocabulaire.

 

Il faut bien comprendre que l'efficacité de ces techniques de manipulation est basée sur l'emploi répété de ces mots et expressions dont nous n'avons donné que quelques exemples. Que nous n'en soyons pas dupes, que nous restions conscients de leur fonction de manipulation n'a aucune importance du moment que nous les prononçons. Pour se faire comprendre, pour dire et faire comme tout le monde…
A chaque fois qu'une notion, qu'elle soit concrète ou abstraite, est mal nommée, nous renforçons le pouvoir de ceux qui manipulent. A chaque fois qu'elle est nommée de façon adéquate, "en vérité", non seulement nous affaiblissons les manipulateurs, mais nous renforçons considérablement notre propre puissance.
Nous devons donc refuser d'employer les mots de l'Empire, de relayer les notions manipulatrices qu'ils activent.
Plus positivement, nous devons nous efforcer de bien parler, bien écrire notre langue ; en respecter les règles orthographiques et grammaticales ; en connaître les grand auteurs ; transmettre ce trésor à nos enfants.

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Lettre ouverte

au maire de Daumazan

par Raoul de Daumazan

 

Changer

de paradigme

par Alain de Pamiers

 

Repères pour

un nouveau monde

par Alain de Pamiers

 

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